Que la Bretagne ait voté oui au référendum n'est pas dû au hasard. Plus européenne que d'autres régions la Bretagne mesure tout l'intérêt qu'il y a pour elle à évoluer de façon plus subsidiaire dans un espace économique et politique plus large que celui de l'Etat nation tel qu'on le connaît aujourd'hui. Ce n'est pas seulement son vieux fond chrétien social qui fait que l'on se sent plus européen en Bretagne qu'ailleurs, c'est aussi cette volonté farouche de montrer que les identités d'appartenances sont multiples et pas contradictoires.

On peut être Breton, Galicien, Ecossais, Corse et Européen. L'identité n'est pas que nationale elle est aussi régionale et plus largement européenne. Ces identités ne sont pas seulement liée à l'idée de territoire mais aux appartenances multiples qui sont les nôtres quotidiennement. Elles sont professionnelles, culturelles, sociales, religieuses, politiques…

En matière de construction européenne, François Bayrou est le seul candidat qui propose ce lien étroit entre identité régionale et européenne. Son engagement à signer la charte des langues régionales est un exemple parfait de cette compréhension de l'osmose qui doit exister entre les deux dimensions territoriales d'appartenance. En ce sens le candidat démocrate social (et non pas social démocrate) penche pour une décentralisation clarifiée qui mette fin au morcellement des compétences. Un moyen de simplifier l'organisation administrative, d'en réduire le coût mais surtout de penser l'organisation territoriale sans désengagement de l'Etat comme un système de proximité et de subsidiarité au service du citoyen.

François Bayrou affiche une véritable ambition pour l'Europe. C'est non seulement dans son programme, mais c'est la tradition centriste. Il est dans la lignée des Schuman, Monnet, De Gasperi, Spaak, Adenauer, mais aussi dans celle des Sangnier, Lebret, Maritain. Son souhait : "ancrer résolument la France en Europe". Une Europe qu'il veut au service de l'Homme, de la personne, une Europe des valeurs pour elle-même et pour ses relations internationales : "L'Europe est une oeuvre inachevée, même si le chemin parcouru depuis Jean Monnet et Robert Schuman dans la voie de la réconciliation et de la solidarité entre les peuples est considérable. Elle est, à ce titre, fragile. Si les égoïsmes nationaux ou les seuls intérêts financiers prenaient le dessus, on pourrait détricoter, morceau par morceau, l'ensemble patiemment édifié jusqu'ici : le marché unique, l'euro, la politique agricole commune, les fonds de cohésion ne sont pas des acquis irréversibles".

L'Europe joue donc sa dernière chance. Celle-ci est portée par les pays qui ont choisi l'euro. Mais elle dépend aussi des gouvernants et des citoyens de l'Union, de leur volonté à construire une Union politique, culturelle et sociale et à ne pas en faire une simple zone de libre échange commercial comme peut l'être l'ALENA. Le premier geste significatif en faveur de l'Europe se fera dans les premières 24 heures après l'élection présidentielle. Le futur président de la France, doit être un Européen de conviction. Ce doit être ainsi car le bébé est bien malade. Un élargissement certes nécessaire mais trop rapide avant une modification du système institutionnel, un traité constitutionnel accepté par la Bretagne mais rejeté par la France, un plan B arlésien, des égoïsmes nationaux qui reprennent le dessus, une Commission européenne sceptique. L'Europe vaut bien mieux que cela. Elle est un moyen pour écrire l'avenir non pour le subir.

Il convient ainsi de valider un traité constitutionnel, articulation d'un projet de société qui fonde un espace organisé, un pôle de stabilité et d'équilibre. Non pas un marché ouvert à tous vent. Bien sûr il y a une étape à surmonter : celle du respect du choix positif des 18 pays plus l'Irlande et le Portugal qui ont lancé un signe fort a la France il y a quelques semaines à Madrid. Mais ensuite un texte court, clair, fort, simple et cohérent peut être proposé aux européens comme vraie constitution établissant une citoyenneté européenne. Celui-ci devra poser les principes d'une organisation efficace et démocratique et définir la vocation et les frontières de l'Europe.

Le choix des centristes se pose sur la consolidation des instances qui incarnent la double légitimité européenne, "le Parlement européen pour les peuples, le Conseil européen et le Conseil des Ministres pour les Etats. Mais, il convient également de consolider la démocratie européenne en étendant la procédure de codécision Parlement-Conseil, à tous les domaines qui relèvent de la compétence de l'Union comme il convient ensuite de conforter le Conseil des ministres afin de faciliter le processus de décision, mis à mal par les traités de Nice et d'Amsterdam. Cet objectif rend nécessaire l'abandon de la règle de l'unanimité qui paralyse encore trop souvent l'action européenne dans des domaines stratégiques".

Autre réforme indispensable proposée par François Bayrou, la remise en cause de la présidence tournante (six mois !) du Conseil au profit d'une durée plus raisonnable (18 mois ou deux ans). L'urgence est d'accompagner cette reforme par la nomination d'un ministre des affaires étrangères de l'Union, disposant d'une compétence regroupant les domaines économique et politique, et assurant à l'Europe la cohérence de sa politique extérieure et sa visibilité à l'égard des pays tiers. Il s'agit également d'assurer la transparence du débat européen en associant plus fortement les parlements nationaux.

Son projet de traité constitutionnel, François Bayrou propose de le soumettre à référendum le même jour que l'élection des députés au Parlement européen (2009). Il propose en outre d'élever au niveau européen les questions de défense et d'immigration, de réformer la PAC pour la fonder sur les prix et l'inscrire dans une perspective de développement durable.